Il est des commencements dont la brièveté chronologique ne doit pas masquer l’intensité symbolique. Voilà deux mois que Sostenuto a vu le jour, et déjà se dessine ce qui, nous l’espérons, constituera l’orientation durable de cette plateforme : une volonté de restituer à la musique sa centralité dans l’espace public, de la penser non pas comme un divertissement mondain, mais comme une pratique signifiante, porteuse d’histoire et de vérité. Deux mois, à l’échelle d’un média, c’est une ébauche, mais à l’échelle d’un projet intellectuel, c’est un acte fondateur qui engage. Ces premières semaines ont confirmé la pertinence de notre intuition initiale : un lectorat existe, désireux d’approches analytiques exigeantes, d’une pensée critique capable de dépasser le commentaire superficiel. Et surtout d’une pensée qui se construit loin des diktats de l’immédiateté ou du trop-plein trompeur de l’actualité discographique. La réception enthousiaste de nos premiers dossiers nous oblige désormais à approfondir le geste, à articuler davantage le travail d’hommage et celui de contestation, et à lier la célébration de l’héritage et l’interrogation des impasses.

Ce mois de septembre est marqué par un événement qui s’impose comme point de repère : le quatre-vingtième anniversaire d’Itzhak Perlman, que nous avons célébré comme il se devait le 31 août, par la mise en ligne d’un dossier thématique, dans notre rubrique « Éclairages ». Il permet de considérer la perpétuation et la transformation de la tradition interprétative à travers le parcours d’un éminent maître du violon. L’écoute de Perlman confirme que la musique prend vie dans la rencontre entre le texte et l’interprète, entre la mémoire héritée et l’instant présent. Dans un contexte où le désir systématique, souvent myope, de la rupture tend à diluer la perception et la mémoire collective, son service de la musique démontre également que la vitalité d’un langage musical réside à la fois dans sa capacité à transmettre les formes établies et dans son pouvoir de produire des expériences inédites.

En ce mois de septembre, nous reprenons bientôt le fil de nos chroniques de concerts, non seulement de la saison parisienne et de sa sacro-sainte « rentrée » mais aussi, comme nous l’avions initialement annoncé, une saison qui sera élargie çà et là à l’Amérique du Nord, à l’Europe et au Moyen-Orient.

Nous reprendrons également au cours de ce mois notre dossier évolutif concernant la modernité, dans une réflexion au long cours à laquelle nous tenons et dont l’amorce a déjà donné le la voilà quelques semaines, celui d’une remise en perspective historique, esthétique et intellectuelle, dans l’idée d’une réécriture de l’histoire de la modernité en musique. Sans compter nos rendez-vous déjà habituels, nos cd du mois aux recensions déjà consultables, notre livre du mois à découvrir dans quelques jours, et nos rubriques musicologiques.

Deux mois après son lancement, Sostenuto affirme ainsi sa ligne : défendre la musique comme force vive de la culture, honorer les figures qui, comme Perlman, incarnent la continuité des traditions fécondes. Et faire vivre au mieux une intelligibilité de la musique comme elle va dans notre monde contemporain, du rôle qu’elle y joue, des obstacles qu’elle peut rencontrer comme des opportunités de son développement. Continuons et amplifions.

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À LA UNE

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QUI SOMMES-NOUS ?

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Sostenuto est une plateforme de chroniques musicales provenant de deux auteurs, Alain E. Andrea et Loïc Céry. Au fil du temps, le site s’ouvrira ponctuellement à d’autres contributeurs, pour certaines rubriques et la couverture de certains aspects de l’actualité musicale. Ainsi conçu, Sostenuto demeure une création de deux auteurs, qui assument pleinement une ligne éditoriale marquée et revendiquée. Cette ligne éditoriale induit un certain nombre de convictions esthétiques, parmi lesquelles : la nécessité d’une réécriture de l’histoire de la modernité musicale (qui remettrait en perspective notamment le bien-fondé du tournant atonal) ; une conception de l’interprétation fondée sur un idéal d’équilibre ; une acception ouverte et dynamique de la musicologie. Ces aspects, que nous aurons l’occasion de développer au gré de nos publications, sont inséparables à nos yeux, d’une claire indépendance vis-à-vis des institutions musicales existantes.

Nous sommes attachés en outre à une critique musicale orientée vers l’éclairage des œuvres et de leurs interprétations, en voulant nous démarquer d’une pratique trop souvent frivole de cet exercice, que ce soit dans le domaine des chroniques de concerts ou des recensions d’enregistrements (récents ou anciens). Nous considérons que ce champ exige une compétence réelle, et le recours impérieux à une argumentation construite, excluant le seul règne de vagues opinions subjectives. Nous visons enfin le discours critique dans l’idéal d’un engagement éthique de probité intellectuelle et de responsabilité éditoriale.

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Alain E. Andrea est docteur en pharmacie, diplômé de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban. Chercheur en génétique moléculaire et en oncologie, il est titulaire de la prestigieuse bourse Goodman. Il poursuit actuellement un autre doctorat en sciences pharmaceutiques à l’Université Laval, au Canada, autour des traitements du cancer. Il est l’auteur principal de nombreuses publications scientifiques de renom co-signées avec des pionniers de la thérapie génique. Parallèlement à sa carrière scientifique, il a étudié le piano au Conservatoire national supérieur de musique du Liban. Par la suite, il a affiné sa réflexion critique afférente aux arts et aux musiques savantes occidentale et levantine auprès de grandes figures musicales du XXe siècle, telles que Gilles Cantagrel, Bernard Fournier et Henri Goraïeb. Lauréat de plusieurs prix littéraires et culturels, il a été critique musical au sein de la presse francophone, notamment pour L’Orient-Le Jour, où il a commenté l’actualité musicale. Son expertise l’amène à être sollicité par diverses maisons d’édition pour la publication d’ouvrages spécialisés. Il codirige depuis avril 2025, aux côtés de Loïc Céry, la collection « Musicologie » des Éditions de l’Institut du Tout-Monde, fondée en 2024.

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Loïc Céry, spécialiste de littérature française et comparée, a créé en 2018 le CIEEG, Centre international d’études Édouard Glissant au sein de l’Institut du Tout-Monde (fondé par Édouard Glissant en 2006 et dirigé par Sylvie Glissant) qu’il a rejoint en 2013. Il y coordonne par ailleurs le pôle numérique, les cycles pluridisciplinaires « Mémoires et littératures de l’esclavage », « Traduction » et « Penser la Caraïbe, penser le monde », le projet pédagogique « La Traversée des Mémoires », ainsi que les Éditions de l’Institut du Tout-Monde fondées avec Sylvie Glissant et François Vitrani, où il dirige les collections « Recherche », « Musicologie » (en co-direction avec Alain E. Andrea), « Biographies ». Il a créé en 2006 La nouvelle anabase, revue d’études persiennes (Éditions L’Harmattan, jusqu’en 2010) et dirigé plusieurs colloques internationaux (actes publiés en 2007 chez L’Harmattan et en 2020 aux Éditions de l’ITM). Spécialiste de Saint-John Perse et d’Édouard Glissant à qui il a consacré de nombreuses études, il a également participé à l’édition critique de la Poésie complète de Léopold Sédar Senghor en 2007 aux Éditions du CNRS sous la direction de Pierre Brunel, et consacré plusieurs analyses aux littératures caribéennes, René Maran, les expressions littéraires de la mémoire de l’esclavage, l’intertextualité, la traduction littéraire, la diffusion numérique des savoirs, la critique musicale et la musicologie (il est ancien élève de l’École Normale de Musique de Paris). Il a publié en 2020 aux Éditions de l’Institut du Tout-Monde les deux tomes d’une étude critique, Édouard Glissant, une traversée de l’esclavage, en 2024 un volume d’entretiens avec Bernard Fournier, Beethoven, les mots et la lyre et dirige la revue Les Cahiers du Tout-Monde. [Site officiel de Loïc Céry : www.loiccery.com]

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