À propos des fils Bach justement, je recommande également l’excellent ouvrage de 1997 de Marc Vignal, Les fils Bach (Fayard). Je recommande trois choses pour entrer en CPE Bach comme on entrerait en religion d’une musique exacerbée sous tous les angles :

  • profiter de ce très récent enregistrement de François Lazarevitch et Justin Taylor des sonates pour flûte et pianoforte : magnifique enregistrement publié par Alpha, des Sonates pour flûte et pianoforte de Carl-Philipp Emanuel Bach (une musique si attachante, si variée et si audacieuse), par les excellentissimes François Lazarevitch, le maître français de la flûte baroque, et Justin Taylor, claveciniste surdoué de cette jeune génération de musiciens français (lui est franco-américain) qui ne cesse d’enchanter tout le monde et de rafler à juste titre toutes les distinctions de la presse musicale pour leurs productions. François Lazarevitch est quant à lui non seulement le musicien accompli qu’on connaît et dont les enregistrements sont des merveilles, mais aussi le créateur de l’une des formations les plus marquantes de ces dernières années, Les Musiciens de Saint-Julien.
  • cet enregistrement absolument inouï d’Emmanuel Pahud des concertos pour flûte ;
  • l’excellentissime coffret paru en 2014 chez Warner Classics, « The Collection CPE Bach », où en 13 cd des enregistrements les plus fondamentaux (Philippe Herreweghe, Anner Bylsma, Ton Koopman – avec une reprise, justement, de cet enregistrement mythique des concertos pour flûte où je les avais découverts -, Gustav Leonhardt…), on a un panorama remarquable de l’œuvre, et une découverte de sa musique sacrée pour ceux qui ne la connaîtraient pas : une pépite discographique indispensable, qu’il faut compléter par ailleurs.

Je recommande en particulier de se précipiter vers le Magnificat de CPE Bach (loin, très loin de celui de son père quant à l’esthétique mais qui contient justement un hommage appuyé à JS. Bach dans une fugue), une merveille absolue de lumière, qui rappelle et anticipe les Messes de Haydn : voir une excellente version par le Riaskammerkor chez Harmonia Mundi. Quand on commence avec CPE Bach, quand on met le doigt dans l’engrenage de cette musique si imprévisible, si inattendue, si singulière (et dont Beethoven était singulièrement épris, ce qui ne m’étonne pas), on en redemande. Il est selon moi, des quatre fils compositeurs Bach, de loin le plus important.