Au début du XX^e siècle, la musique d’art monodique modale connaît au Liban un essor remarquable, portée par des figures telles que Muhyiddîn Baayoun, Farjallah Bayda ou Mitri al-Murr. Ce processus s’est cependant heurté aux velléités d’occidentalisation encouragées par le mandat français, qui promeut une transformation des pratiques musicales fondée sur l’importation du modèle harmonique tonal européen au prix de l’annihilation des traits fondamentaux des traditions locales. Ce dossier retrace les étapes de ce basculement, en analyse les ressorts idéologiques et en interroge les conséquences : marginalisation des formes autochtones, régression grammaticale et esthétique, et remise en question même de ce que l’on nomme « musique savante » libanaise.